Fibers, une histoire édifiante et misérable, pleine de drame, de questions sans réponses et d’inconséquences.

Fibers, une histoire édifiante et misérable, pleine de drame, de questions sans réponses et d’inconséquences.

L'usine de la Médelle

L’usine de la Médelle

2013 : les élus de la Communauté de communes de la Haute Moselotte votent comme un seul homme, à l’unanimité, l’achat pour 900 000€ de la friche industrielle de La Médelle à Saulxures, dans l’objectif de louer les locaux à la société H3C qui présente un projet industriel autour du recyclage des fibres textiles.

Nous nous sommes déjà interrogés sur l’utilité pour la Com-com d’acheter, puis de relouer à H3C, alors que ce dernier aurait pu louer directement.

Un autre point tout à fait remarquable, c’est l’absence dans les comptes-rendus des « débats » du Conseil communautaire, d’éventuelles questions des conseillers sur la validité du projet, voire même sur les documents présentés à l’appui de celui-ci. Etude de marché, montage financier, business-plan, ces documents d’ailleurs existent-ils et ont-ils été transmis aux élus de la Com-com ? Rien de tout cela, un vrai désert, un vide abyssal d’arguments. Aucun doute, soit nos si chers élus possèdent la science (économique) infuse, soit ils votent en état d’éblouissement permanent, les yeux fixés sur la ligne bleue des Vosges. Il suffit de leur susurrer -emploi- à l’oreille pour qu’ils lâchent un chèque de 900 000€. Évidemment il ne s’agit pas de leur argent, mais de celui du contribuable, qu’ils ont la possibilité de gaspiller 6 ans durant sans le moindre contrôle citoyen. Si encore, on trouvait dans ce fumeux Conseil communautaire, au moins une personnalité capable de s’interroger et de questionner sur les tenants et aboutissants des projets présentés, c’est à dire un élu qui ferait son boulot, ce qui serait, convenez-en, la moindre des choses. Eh bien non, nada, une unanimité silencieuse et quasi automatique jamais démentie, réunissant majorité et minorité, dont on se demande à quoi ils peuvent bien servir. Pauvre démocratie qui n’est plus que l’ombre de son ombre. Le résultat, incompétence et gâchis d’argent public sont le quotidien de ces créations mille-feuilles qui entretiennent généreusement ces personnages, modèles de suffisance béate et rassasiée.

Mais revenons sur ce projet industriel qui était si peu crédible dans le paysage économique actuel. Plusieurs personnes qualifiées avaient d’ailleurs émis des doutes sérieux sur sa validité et ses chances de réussite. Sans développer le sujet, ce qui serait long et fastidieux ici, il est tout de même utile d’apporter quelques éléments de bon sens relevés ici et là : « La vente de fibres bas de gamme est destinée à des produits bas de gamme qui sont souvent importés finis d’Asie. Le marché européen n’est pas loin d’être saturé. L’offre de ces fibres sur le marché est surabondante. Elles sont fabriquées en Europe de l’Est, en Asie et en Turquie. Ces pays offrent des débouchés et des conditions économiques plus attractifs. Des opérateurs historiques ont fermé faute de rentabilité avec des usines amorties et un savoir-faire certain. »

Le montant faramineux des aides publiques obtenues, on parle de 6 à 8 millions d’euros, ne peut laisser indifférent. On pouvait lire à ce sujet sur un site d’information locale « Un projet de 14 millions d’euros pour lequel le député François Vannson a obtenu 6 millions d’aides directes et d’avances remboursables. » Monsieur Vannson, toujours prompt à se présenter devant les caméras et dans les colonnes du journal du Crédit mutuel, est bizarrement muet sur ce dossier. Il est vrai que cumuler députation et présidence du Conseil Départemental oblige à un certain standing et ne souffre pas de l’étalage public de ses erreurs, surtout quand elles sont si peu glorieuses. Un homme d’une telle importance n’en commet jamais !

Fin juin, soit peu de temps après la mise en service des machines, une jeune femme de 20 ans est happée par l’une d’entre elles et décède. Il apparaît très vite que les machines importées de Chine ne disposent pas des sécurités minimum et qu’elles n’ont subi, avant leur mise en service, aucun contrôle d’un cabinet spécialisé.

Que penser d’un dirigeant qui met en service des machines sans qu’aucun contrôle préalable n’en garantisse la sécurité. Ce dirigeant dont le Président de la Com-com louait il y a peu les qualités humaines !!!!

Ce dramatique accident mettra l’activité en arrêt pendant 5 semaines, période pendant laquelle les machines seront mises aux normes. Après la reprise d’activité, quelques semaines seront nécessaire pour constater la faillite du projet, difficulté d’écouler la marchandise alors que la production restera inférieure de 60 % par rapport aux prévisions. Le dépôt de bilan était inéluctable, la mise en redressement judiciaire sera prononcée par le Tribunal de commerce d’Epinal le 17 février, puis la mise en liquidation judiciaire sera prononcée le 10 mars.

Le dernier épisode se déroule sur le modéle de la farce, avec en invité vedette, la société chinoise qui a vendu les machines pour plusieurs millions d’euros et qui se propose de racheter l’entreprise pour 10 001€ ! On s’interroge toujours sur le ou les négociateurs qui ont arraché l’euro supplémentaire à ces Chinois…

La reprise se fait là encore sans qu’aucune question ne traverse l’esprit de nos élus. Six millions d’aide publique, et un repreneur qui pour 10 001 euros emporte le morceau.

Puis après avoir promis la réembauche de 30 personnes sur 40, et malgré un coût de rachat grotesquement bas, les Chinois jettent l’éponge et tout le monde se retrouve à la case départ. Il y a de quoi s’interroger sur la consistance du projet !

Morale :

Devant un parterre de salariés dépités, venus chercher la confirmation officielle de leur infortune, l’inénarrable Président de la Com-com, M. Dousteyssier, désormais à la tête d’une friche industrielle flamboyante et inutile, déclare tout de go devant les caméras d’une télé locale qu’il part illico à la chasse a l’industriel car dit-il, « c’est une belle usine, c’est un bel outil qui n’a encore malheureusement pas fait ses preuves. On se donne de la peine, on essaie de trouver du monde, un professionnel qui soit capable ……. ». Quand on sait que sur les 10 cellules commerciales de Lansauchamps mises en location par la Com-com depuis deux ans, 3 seulement ont trouvé preneur, on mesure toute l’étendue du crédit qu’il faut accorder à ces « paroles verbales »

Un conseil gratuit, Monsieur le Président, transformez cette friche si chèrement acquise en musée des loupés, les vôtres et ceux de vos congénères, le succès sera tel que tout le monde louera enfin votre sens des affaires.

Le 08 juin 2015

Gracchus

This entry was posted in Com Com, Dossier Fibers, Enquête, Vosges. Bookmark the permalink.

Comments are closed.