Les stations de ski de Gérardmer et de La Bresse : véritables tonneaux des Danaïdes…

Les Danaïdes par John William Waterhouse, 1903.

Scandale dans ces stations où la neige ne tombant plus du ciel, on y remédie en la transportant par camions !!! Déjà les gamins croient que les poissons sont carrés et surgelés, alors maintenant ils vont imaginer que la neige provient des semi-remorques qui sont allés racler la neige sur les crêtes pour en tapisser une piste ou deux ?!

Il n’a pas neigé à Noël et cet hiver sera sans doute privé de « l’or blanc »...Le ciel serait-il lui aussi en grève ?

Selon la bible des industriels de la neige, cette situation leur est un affront, une offense personnelle car la sacro-sainte neige se doit d’être au garde à vous dans des créneaux précis, ceux des vacances scolaires. Les canons à neige industrielle n’y suffisant plus pour cause de réchauffement climatique et donc de hausse des températures, on va transporter la neige, par camions ou hélicoptères par exemple dans les Alpes.

Comment, Dame nature n’est plus aux ordres, refuse d’obéir aux injonctions touristiques et comptables ? Un comble, c’est inadmissible, n’est-ce pas ? Et oui, la Nature s’en mêle donnant raison aux écolos, défenseurs de l’environnement, eux qui avaient anticipé la situation et qui clament depuis longtemps que la planète va dans le mur et que l’économie liée au tourisme de la neige est en train de se casser la figure. Sans parler du tourisme tout court.

Le tonneau des Danaïdes : une histoire de tonneau percé !

Dans la mythologie grecque, les Danaïdes pour avoir massacré leurs époux, sont condamnées aux Enfers et à y remplir sans fin un tonneau au fond percé. Cette expression signifie une tâche sans fin, un travail à recommencer sans cesse, un contenant vidé de son contenu à peine versé donc complètement inutile. C’est pourquoi comme cela s’est produit récemment et à plusieurs reprises, aller quérir de la neige par camions au diable vauvert, dans des allers retours coûteux et polluants entre les crêtes et les dites stations, pour l’étaler ensuite, s’apparente à un tonneau des Danaïdes. En effet, on a pu constater qu’une fois la couche neigeuse étalée, il se mettait à pleuvoir. Bah oui ! L’hiver est pluvieux cette année. Par conséquent la neige fondait aussitôt, phénomène clairement annoncé par les météorologues, qui s’est répété mais qui n’a malheureusement pas freiné les gestionnaires des stations dans leur fuite en avant pathétique et irresponsable. Bonjour le bilan carbone.

Les stations de ski de moyenne altitude sont-elles condamnées et avec elles, l’économie liée à la neige mais les élus en sont-ils conscients ?

Nul n’est prophète en son pays, mais sans vouloir jouer les Cassandre, de nombreux experts du domaine le pensant également, j’ai envie de dire que l’avenir n’est guère optimiste. Cet acharnement thérapeutique à vouloir à tout prix enneiger artificiellement des pistes n’est plus tenable. Le climat est en train de changer de façon irréversible, même si certains, gestionnaires et élus, persistent à s’arc-bouter sur leurs croyances en un enneigement « éternel » , dans un déni total de la réalité.

A moins de construire des pistes entièrement artificielles sous des hangars comme en Arabie Saoudite, il est grand temps d’imaginer un autre avenir économique pour nos contrées. Or, et je le déplore, les élus en charge de nos territoires continuent d’avancer à marche forcée dans la même direction, celui du développement d’un tourisme hiver-été, voire 4 saisons. Tout comme les petits singes de l’histoire, ils ne veulent rien voir, rien entendre, se taire mais se faire élire ou réélire sans changer de cap, en entretenant les sempiternelles mêmes illusions et en entonnant l’éternel refrain, l’emploi, l’emploi que seuls leurs naïfs électeurs entendent encore.

Aucune réflexion sérieuse ne se fait jour dans les Vosges quant à la survie économique de nos vallées, la désertification se poursuit. Les communes de La Bresse et de Gérardmer se vident de leur population et sont en train de se transformer en villes dortoirs à touristes au détriment des sédentaires, générant de plus des nuisances que les habitants à l’année commencent à fortement dénoncer, gênés qu’ils sont par les incivilités des touristes, en constante augmentation.

Mais dans ce modèle qui a adopté la croissance infinie comme religion, y a-t-il une ou des solutions ? Évidemment non. Et le retour du temps des élections n’y changera rien, bien au contraire il coïncide toujours avec celui des illusions.

Annie Aucante

« Voter c’est abdiquer...Voter c’est être dupe ...N’abdiquez donc pas...Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes… Agissez ! ...Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance. »

Elisée Reclus (1885)

Elisée Reclus (1830-1905)

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