Parc des Ballons des Vosges : des locaux de luxe à prix dérisoire

 

Quand Munster et Gérardmer paient la générosité du Parc

Des communes hôtes bien trop généreuses

À Munster comme à Gérardmer, le Parc naturel régional des Ballons des Vosges (PNRBV) semble bénéficier d’une hospitalité peu commune, sinon choquante. Derrière les discours sur la biodiversité et la concertation se cachent des avantages matériels dont la générosité interroge la transparence de la gestion publique.

À Munster, le siège du Parc occupe des locaux spacieux rue du Couvent, ou se trouve également la médiathèque, l’office de tourisme et le restaurant l’Abbaye d’Anny. Tout cela pour un loyer annuel de 19 500 € seulement, quand le marché local justifierait environ 60 000 €. En sus, le Parc profite moyennant une redevance modique d’annexes rue du Docteur Heid, d’une cave et de combles utilisables.
Résultat, alors que chacun sait qu’une longue liste d’entreprises cherche à s’installer durablement dans la vallée, faute de locaux disponibles, un manque à gagner estimé à près de 50 000 € par an pour la commune, qui contribue en outre au fonctionnement du Parc à hauteur de 6 800 €. Une double peine pour les habitants, d’autant que Munster n’a reçu aucune compensation dans le cadre des « aménités rurales » de la DGF, contrairement à d’autres communes comme Metzeral (22 340 € en 2025).

À Gérardmer, un étage gratuit avec vue sur le lac

La même logique se répète à Gérardmer. En juillet 2023, la commune a mis à disposition un étage complet de la Villa Monplaisir pour y installer une antenne du Parc. L’inauguration, en décembre, fut l’occasion d’un faste inhabituel, un espace de travail « idéal » avec kitchenette, salle de réunion et vue sur le lac… mais sans loyer.
Le Parc n’y règle que les charges (électricité, gaz, eau). La valeur locative de cet étage ? 20 000 € par an. Dans le même temps, la ville continue de verser au Parc 15 400 € de contribution annuelle, soit un coût total de 35 400 € à la charge des contribuables géromois.

Et là encore, pas le moindre retour financier. Gérardmer ne bénéficie d’aucune dotation spécifique au titre des aménités rurales, contrairement à sa voisine La Bresse, gratifiée de 45 314 € en 2025.

Un modèle à sens unique

Ces situations, à Munster comme à Gérardmer, posent la même question : à quoi sert réellement le Parc ?
Sous couvert de partenariats, les communes paient cher pour offrir au PNRBV des conditions de fonctionnement exceptionnelles, sans réelle retombée locale, ni en emplois, ni en retours économiques.

Alors que le Parc dispose déjà d’une cinquantaine de salariés, d’un budget public conséquent et d’un réseau de subventions multiples (État, Région, Europe), cette gestion interpelle. D’autant plus dans un contexte où les finances locales sont exsangues.

Vers une refonte nécessaire

« Si le Parc n’existait pas, quelle différence ? » interrogeaient déjà certains observateurs en 2024. Une question plus actuelle que jamais.
La révision de la charte du PNRBV devrait être l’occasion d’un examen de fond : répartition des charges, transparence budgétaire, et justification des implantations locales.

Munster et Gérardmer n’ont pas vocation à devenir les bailleurs silencieux d’une institution dont les missions dérivent trop souvent vers la communication et la représentation.
Les habitants, eux, attendent des actes : moins de prestige, plus d’équité.

                                                                                                                    Achille

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