Palme d’or du mille-feuille vosgien : Jérôme Mathieu
Il y a ceux qui cumulent deux ou trois casquettes, et puis il y a Jérôme Mathieu, véritable facteur Cheval du mandat public et syndical, bâtissant pierre après pierre un empire d’écharpes, de fauteuils et de jetons de présence.
À ce niveau-là, ce n’est plus de la vocation, c’est de la collectionnite compulsive.
Un inventaire à la Prévert… ou quelques lucratives sinécures !
- Conseiller départemental des Vosges (canton de La Bresse).
- Vice-président du Conseil départemental, chargé de la communication et du numérique.
- Vice-président du Parc naturel régional des Ballons des Vosges.
- Premier adjoint au maire de La Bresse.
- Vice-président de la Communauté de communes des Hautes Vosges.
- Président du conseil d’administration de la Régie municipale d’électricité de La Bresse.
- Président de la Chambre d’agriculture des Vosges.
- Président de la Chambre régionale d’agriculture du Grand Est.
- Ancien président, désormais membre du bureau de la FDSEA 88.
- Administrateur de Groupama Grand Est et d’autres organismes mutualistes.
- Vice-président du PETR « Pays de Remiremont et de ses vallées ».
- Délégué titulaire du Syndicat mixte Moselle amont.
- Président de la coopérative Abattage Découpe Qualité Tradition Vosges (ADEQUAT).
- Administrateur / membre du CA de la SAFER Grand Est jusqu’au 09/04/2025.
Et sûrement quelques strapontins oubliés dans quelques syndicats mixtes ou comités Théodule.
- Administrateur de Vosgelis : l’ultime fardeau
Comme si tout cela ne suffisait pas, je viens d’apprendre après la publication de cet article, de la part d’un lecteur attentif, que Jérôme Mathieu s’etait vu confier une charge supplémentaire : celle d’administrateur de Vosgelis, l’office HLM des Vosges. Le voilà donc également arbitre de l’avenir du logement social, prié de trancher sur des projets de construction et de rénovation, d’imaginer la ville de demain entre deux réunions de chambre d’agriculture et un séminaire du PNRBV. On l’imagine, écrasé par la gravité de ces décisions, partagé entre l’alignement de ses écharpes et l’empilement des dossiers. Comme si l’habitat des plus modestes pouvait être géré en dilettante par un homme déjà lesté d’une quinzaine de mandats. Ici, le cumul devient caricature : faute d’air, c’est la démocratie qui suffoque.
Le recordman
Il faudrait inventer une discipline olympique pour saluer cet exploit : le relais permanent sans passage de témoin. Toujours sur la piste, jamais sur la touche. Qui a dit qu’une journée ne comptait que 24 heures ? Chez Jérôme, elle dure le double, et encore, il lui resterait sans doute assez de temps pour présider une commission sur la gestion du temps libre… !
Concours général du cumul
Si le cumul était un sport, il en serait l’entraîneur, le capitaine et le sponsor officiel.
Si le cumul était une religion, il en serait le grand prêtre.
Et si le cumul était une épidémie, il en serait le patient zéro.
Agriculteur de papier, cumulard de plein champ
On persiste à nous présenter Jérôme Mathieu comme « agriculteur ». C’est touchant, presque attendrissant : l’image du fermier enraciné, les bottes crottées et la main à la charrue. Sauf que la réalité n’a plus rien à voir. À force de collectionner présidences, vice-présidences, délégations et fauteuils, l’homme n’a plus de temps pour tenir une fourche ou surveiller un troupeau. Ses moissons se font désormais en jetons de présence et ses récoltes en indemnités. L’appeler encore « agriculteur », c’est comme appeler un PDG de multinationale « petit commerçant » : une fable, un cache-sexe destiné à entretenir l’illusion qu’il serait encore l’un des siens. En vérité, J.Mathieu n’est plus qu’un professionnel du mandat, qui laboure les institutions bien plus que les champs.
Une question de gouvernance ou de prestidigitation ?
Comment être partout et efficace nulle part ?
Comment siéger dans tant de conseils sans jamais perdre le fil ?
La réponse est simple : on ne perd pas le fil quand on tisse la toile.
Et quelle toile ! Une toile où s’emmêlent institutions publiques, syndicats agricoles, mutualisme et énergie locale, jusqu’à ce que l’intérêt général devienne UNE AFFAIRE PRIVÉE.
Morale de l’histoire
Le PNRBV voulait un vice-président.
La FDSEA un président.
Le département un communicant.
La commune un adjoint.
La régie d’électricité un patron.
Les agriculteurs un porte-voix.
Le PETR un délégué à l’environnement.
Ils ont tous choisi le même homme.
Résultat : un seul corps pour quatorze chaises.
Voilà Jérôme Mathieu, lauréat toutes catégories du grand concours du cumul, trônant sur la plus haute marche, couvert non pas de lauriers, mais d’écharpes, de badges et de convocations.
La seule lecture des comptes rendus des réunions des assemblées, des commissions, des bureaux, des séminaires, des briefing, des remue méninges et j’en passe devrait logiquement l’occuper pas moins d’une semaine entière par mois… À MOINS QU’IL NE LES LISE PAS.
Le temps confisqué
Il n’y a pas que le nombre qui choque, il y a aussi la durée. Jérôme Mathieu occupe ces fonctions depuis des années, parfois des décennies, et se fait réélire ou reconduire sans jamais laisser la place. Le cumul dans le temps est encore plus redoutable que le cumul en quantité : il verrouille l’accès, assèche le renouvellement démocratique et fait croire qu’aucun autre citoyen ne serait capable d’endosser ces responsabilités. C’est une véritable confiscation des pouvoirs locaux par un petit cercle, où l’expérience se transforme en rente, et la continuité en monopole.
Un terreau pour la dérive autoritaire
Un système qui tolère, et parfois encourage, ces monopoles prolongés porte en lui les germes de la dictature. Quand les mêmes visages s’accrochent aux mêmes fauteuils élection après élection, quand le débat démocratique se réduit à une mise en scène où tout est déjà joué d’avance, ce n’est plus de la représentation, c’est de la captation. L’alternance devient impossible, la confiance s’effrite, et l’idée même d’un pouvoir partagé disparaît. En verrouillant ainsi la vie publique, le cumul dans le temps fabrique des baronnies locales qui ne rendent de comptes à personne, sinon à leurs propres réseaux.
Dans un territoire où la biodiversité recule, où les services publics s’amenuisent puis disparaissent et où les citoyens cherchent des élus disponibles, Jérôme Mathieu incarne le contraire : l’absent-présent permanent, l’agriculteur sans champs, l’élu sans limite.
Qu’il se rassure : il est déjà entré dans l’histoire… mais dans la mauvaise rubrique, celle des champions du cumul et des fossoyeurs de la démocratie locale.
Gracchus