Mille casquettes, zéro vision : Laurent Seguin cumule, la démocratie et la nature reculent

Laurent Seguin l’homme des milles étangs, ou l’homme aux milles mandats ?. Président du Conseil départemental de la Haute-Saône, président du Parc naturel régional des Ballons des Vosges, conseiller départemental de Mélisey, Vice-Président de la communauté de commune des milles étangs, Membre titulaire du syndicat mixte Haute Saône numérique, Président du comité de pilotage de la ZPS des Hautes Vosges, ex Président du Comité de rivière de la Lanterne, ex Vice-Président du Syndicat Intercommunal des Eaux de Breuches, ex-maire de Faucogney de 2001 à 2025, ex-président de la communauté de communes des 1000 Étangs de 2003 à 2017, et, cerise sur le gâteau, forestier de l’ONF “à mi-temps”, jusqu’en juin 2025 date de son départ à la retraite. Excusez du peu!

Mais la vraie question, la seule qui compte, est simple : comment fait-il pour tout assurer ?

Le parc transformé en agence de com

Depuis dix ans, le PNRBV ressemble davantage à un office de tourisme déguisé qu’à un outil de protection de la biodiversité. Concertations bidon, powerpoints hors de prix, projets touristiques maquillés en actions de nature. Tout y passe : on consulte, on communique, on maquille. Pendant ce temps, la biodiversité trinque, les crêtes vosgiennes s’asphyxient, et les projets absurdes comme la réintroduction bâclée du grand tétras s’enchaînent contre l’avis du public et des scientifiques.

Au sommet de cette pyramide d’illusions ? Laurent Seguin. Un président de parc qui orchestre des opérations de façade tout en se présentant comme protecteur du massif.

Laurent Seguin, cumulard et conteur d’histoires

Non content de cumuler les casquettes – président du Conseil départemental de la Haute-Saône, président du PNRBV, conseiller départemental, forestier ONF « à mi-temps » – Laurent Seguin s’offre aussi le luxe de cumuler les bourdes.

Dernière en date : sa conférence de presse du 19 février 2025 au Valtin, où il osa affirmer devant les journalistes que les trois grands tétras importés de Norvège et encore vivants avaient « établi des contacts » avec quatre tétras autochtones. Une déclaration digne d’un conte de fées… ou d’un sketch, mais sûrement pas du sérieux attendu d’un responsable public

Comment croire qu’un président de parc, censé s’appuyer sur la rigueur scientifique, en soit réduit à raconter des histoires de rendez-vous galants entre oiseaux, sans fournir la moindre preuve, et en refusant ensuite de transmettre les documents qui étayeraient ses propos ?

Cette sortie ridicule illustre le problème : trop de mandats, pas assez de sérieux. Trop de cumul, pas assez de crédibilité.

Le département en pilotage automatique ?

Depuis février 2025, le même Seguin a hérité de la présidence du Conseil départemental de la Haute-Saône. Une charge écrasante, censée mobiliser chaque minute de son temps et chaque parcelle de son énergie. Mais quand on est déjà président du parc, conseiller départemental et encore agent ONF, comment ne pas soupçonner que le département se retrouve, lui aussi, géré à coup de délégations et d’apparitions symboliques ?

L’ONF en trompe-l’œil

Et que dire de son poste« de forestier à l’ONF ? Officiellement encore en activité jusqu’en juin 2025, parfois présenté comme “mi-temps”. Mais qui peut croire sérieusement qu’un élu cumulant autant de casquettes arpente encore les parcelles, suit les peuplements, gère les coupes et les plantations ? C’est une fiction administrative qui interroge. Combien d’heures par semaine ? Quelle utilité réelle ? Quelle transparence ?

Un cumul qui étouffe la démocratie

Le problème n’est pas seulement moral, il est politique. Quand un homme concentre autant de mandats, il neutralise tout contre-pouvoir. Le même élu qui signe les orientations du PNRBV préside aussi à la destinée du département, négocie avec les lobbys agricoles et touristiques, et reste officiellement salarié d’un établissement public.
Résultat : tout se tient, tout se verrouille, et surtout, rien ne change.

Les citoyens ne sont pas dupes : ils voient un parc vidé de sa mission, des crêtes livrées aux manifestations de masse, des forêts gérées par procuration, et un président qui se multiplie sur l’affiche mais se raréfie sur le terrain.

Au-delà du cumul de titres, une autre dérive menace : celle du transfert des décisions aux non-élus. L’administration des collectivités finit par être gérée dans l’intérêt particulier de quelques cadres de direction, hors de tout contrôle démocratique. Les élus cumulards et, cela va souvent ensemble, peu compétents, accaparés par leurs multiples fonctions, laissent filer les rênes du pouvoir réel vers une technostructure opaque qui impose ses choix, au détriment de l’intérêt général.

Une multitude de casquettes, une opacité structurelle

Au fond, la situation est claire : à force de vouloir être partout, Laurent Seguin n’est nulle part. Le cumul n’est pas seulement indécent, il est dangereux. Car un élu saturé de fonctions n’a plus le temps d’écouter, de rendre des comptes, ni même d’assumer la moindre responsabilité à fond.

Le citoyen, lui, a droit à des élus disponibles, responsables, transparents. Pas à des hommes-orchestres qui jonglent avec les titres et s’évaporent dès qu’il s’agit de résultats concrets.

Laurent Seguin incarne cette vieille France politique où le cumul des mandats est un sport national. Mais ici, le record est tel qu’il vire à la caricature. Le président-forestier-conseiller-président n’a plus rien d’un protecteur du territoire : il en est le cumulard en chef, l’ombre insaisissable qui se dédouble à chaque fonction et disparaît dans les faits.

Et nous, simples citoyens, sommes en droit de poser la question : au service de qui travaille vraiment Laurent Seguin ?

Le 24 octobre 2025
Dominique HUMBERT-BERETTI alias Gracchus

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