Trottoir partagé, priorité aux véhicules
La Bresse : des trottoirs à haut risque pour les piétons
Chronique d’humeur
À La Bresse, marcher sur un trottoir relève de l’exploit sportif. Non pas à cause de la pente ou du verglas, mais parce que le trottoir n’est plus, depuis longtemps, un espace réservé aux piétons. Ici, tout ce qui roule, vrombit ou zigzague semble avoir acquis un droit d’usage tacite. Sauf que… ce droit n’existe pas.
L’article R412-34 du Code de la route : voir texte en fin d’article, dit en résumé
La circulation sur les trottoirs est interdite, sauf pour les enfants de moins de 8 ans et quelques exceptions bien définies.
Voilà, c’est écrit noir sur blanc. Mais à La Bresse, c’est visiblement en lettres invisibles.
Scène quotidienne : vélos électriques et trottinettes fonçant à vive allure entre les passants, voitures, mobylettes et motos posées sur le trottoir façon mobilier urbain, panneaux publicitaires plantés en plein milieu pour attirer le client (et repousser le piéton sur la chaussée), voitures garées en épi sur ce qui était censé être un passage sécurisé. Quant aux bordures surbaissées, elles offrent un joli effet “open space” où la frontière entre rue et trottoir disparaît totalement, invitant l’automobiliste distrait à venir poser ses pneus là où marchent… encore quelques téméraires.
Code de la route : Article R417-11
I.-Est considéré comme très gênant pour la circulation publique l’arrêt ou le stationnement : […]
8° D’un véhicule motorisé à l’exception des engins de déplacement personnel motorisés, des cyclomobiles légers et des cycles à pédalage assisté : […]
a) Sur les trottoirs, à l’exception des motocyclettes, tricycles à moteur et cyclomoteurs ; […]
II.-Tout arrêt ou stationnement très gênant pour la circulation publique prévu par le présent article est puni de l’amende prévue pour les contraventions de la quatrième classe. (750€)
Faites le calcul : à raison d’une trentaine de véhicules mal garés par jour, et autant de vélos, trottinettes circulant sur les trottoirs, La Bresse pourrait s’offrir la réfection intégrale de ses trottoirs et de ses rues en moins d’un an. Mais encore faudrait-il que la police municipale sorte de sa phase “observation lointaine”… ou qu’elle existe vraiment.
Le plus inquiétant n’est peut-être pas le problème lui-même, mais l’absence totale de prise en compte et de réponse des autorités locales. Il est vrai qu’il est rare de rencontrer l’un ou l’autre des quelques membres encore «actifs» du Conseil municipal marchant en ville à plus de cinquante mètres de leur voiture
- Pas de prévention : aucun panneau, marquage ou campagne d’information.
- Pas de répression : la police municipale doit être équipée d’un dispositif dernier cri : la cape d’invisibilité, et les infractions semblent tolérées par défaut.
- Pas d’aménagements : aucune installation pour clarifier l’usage des trottoirs ou empêcher physiquement l’intrusion des véhicules.
- Quant aux élus, on dirait qu’ils pratiquent le “marche arrière préventive” : on recule pour ne pas voir
Vive la tarte libre ! Mais pas au prix de nos trottoirs.
Résultat : le piéton, celui qui est censé être prioritaire dans un centre-bourg, devient un obstacle gênant dans la fluidité générale du trafic… y compris sur les trottoirs. Les plus fragiles, enfants, personnes âgées, personnes à mobilité réduite, payent le prix fort : insécurité, contorsions pour slalomer, et frayeurs quotidiennes.
Dans une commune qui se veut accueillante et touristique, la situation frôle l’absurde : on y vient respirer l’air pur des montagnes, mais il faut rester sur ses gardes… simplement pour aller à pied d’un point A à un point B.
À quand une vraie politique de respect des piétons à La Bresse ? Les exemples de communes qui ont repris la main ne manquent pas. Il ne s’agit pas de déclarer la guerre aux deux-roues ou aux automobilistes, mais de rappeler une évidence : un trottoir, c’est fait pour marcher.
Il ne manque plus qu’une chose pour boucler la boucle : un panneau officiel “Trottoir partagé, priorité aux véhicules”, histoire de mettre la loi locale en accord avec la réalité du terrain.
Les trottoirs de La Bresse ? Le Far West, version bitume. Chacun pour soi, la loi du plus gros gabarit… et pour les piétons, prière de circuler ailleurs.
Un petit dernier pour la route !!!!
Dominique HUMBERT-BERETTI alias GRACCHUS
Article R412-34
Version en vigueur depuis le 27 avril 2025
Modifié par Décret n°2025-375 du 24 avril 2025 – art. 43
I. – Lorsqu’une chaussée est bordée d’emplacements réservés aux piétons ou normalement praticables par eux, tels que trottoirs ou accotements, les piétons sont tenus de les utiliser, à l’exclusion de la chaussée. Ces dispositions ne s’appliquent pas aux aires piétonnes ni aux zones de rencontre, ni aux voies vertes.
I bis. – Les enfants de moins de huit ans qui conduisent un cycle peuvent utiliser les trottoirs ou accotements, sauf dispositions contraires prises par l’autorité investie du pouvoir de police, à la condition de conserver l’allure du pas et de ne pas occasionner de gêne aux piétons.
II. – Sont assimilés aux piétons :
1° Les personnes qui conduisent une voiture d’enfant, de malade ou d’infirme, ou tout autre véhicule de petite dimension sans moteur ;
2° Les personnes qui conduisent à la main un engin de déplacement personnel motorisé, un cycle, une cyclo-draisine définie à l’article 2 du décret n° 2017-440 du 30 mars 2017 relatif à la sécurité des transports publics guidés ou un cyclomoteur ;
3° Les infirmes qui se déplacent dans une chaise roulante mue par eux-mêmes ou circulant à l’allure du pas.
III. – La circulation de tous véhicules à deux roues conduits à la main est tolérée sur la chaussée. Dans ce cas, les conducteurs sont tenus d’observer les règles imposées aux piétons