EHPAD : résidents, personnels, familles, l’union fait la force !

Segonzac (Charente), décembre 2016 les soignants dans la rue

Alertée, la Commission nationale des affaires sociales de l’Assemblée nationale lance une « Mission flash » sur les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes….On a envie de dire qu’il est grand temps et qu’il y a le feu au lac !

Cette mission étudiera entre autres les financements des EHPAD, les grilles tarifaires mais aussi le fonctionnement des établissements et la formation des personnels, elle donnera lieu à une communication en commission dès la mi-septembre, après deux semaines d’audition sur le terrain, afin de faire remonter les informations des professionnels, des financeurs, des départements et des associations.

La prise en charge de qualité des personnes âgées en EHPAD s’avère de plus en plus difficile en raison d’un manque de moyens humains et financiers : un constat aberrant et inadmissible pour les résidents, l’ensemble des personnels et les familles.

Récemment les personnels soignants des Opalines à Foucherans dans le Jura et des Pensées à Argenteuil (95) se sont mis en grève soutenus par les résidents et les familles, pendant 117 jours et 31 jours respectivement. Ce n’est pas de gaîté de coeur que les personnels de ces EHPAD ont décidé de tels mouvements, ils ne sont d’ailleurs pas les seuls, d’autres structures sont régulièrement concernées : en effet la coupe est pleine dans les établissements qui accueillent des personnes âgées dépendantes.

Ces personnels courageux et déterminés se battent pour le bien-être des résidents et contre des conditions de travail qui ne leur permettent plus d’assurer une prise en charge digne et convenable pour nos aînés. Dans la plupart des EHPAD, le personnel est en sous-effectif chronique, souvent au bord du « burn out », car bien conscient de ne pouvoir accorder toute l’attention nécessaire à des personnes âgées souvent très dépendantes : quinze minutes par résident pour le lever, la toilette, la distribution des médicaments, le petit déjeuner et l’habillage, si on ne prononce pas le terme de maltraitance, peut-on encore parler de bientraitance ?

Il est rare que les personnels soignants s’autorisent à faire grève notamment dans les maisons de retraite, mais aujourd’hui il est plus que temps de réagir car la situation se détériore d’année en année. Le manque de moyens financiers, humains, sans oublier des directions prises entre l’enclume et le marteau, sous la pression incessante de leurs tutelles (agences régionales de santé, Conseils départementaux) tentent de faire fonctionner leurs établissements avec les plus grandes difficultés. Pour exemple, le combat du directeur de l’EHPAD de Lamarche ici dans les Vosges qui projette d’entamer une grève de la faim dont la presse locale s’est fait l’écho. Il est clair que le torchon brûle dans ces établissements…

A qui la faute, nous devons nous poser la question ? Rappelons que les Conseils généraux puis départementaux ont repris les compétences liés à l’autonomie et aux personnes âgées naguère du domaine de l’État, or il est dommage que les critères de gestion soient dissemblables dans chaque département ce qui conduit à des différences de traitement préjudiciables, de plus, seule la logique comptable prévaut dans le versement des subventions et dans l’application des tarifs, qu’en est-il de la solidarité avec nos anciens dont se targue les conseils départementaux dans leurs organes de communication ? Brigitte Bourguignon, Présidente de la Commission des Affaires sociales, évoquant la Mission-Flash, indique :

« …nous voulons défricher le terrain, voir quelles sont nos priorités et quels sont nos outils pour agir » et « Nous ne sommes pas braqués sur les EHPAD. Nous ne rencontrons pas le même degré de dépendance qu’avant. Forcément, la nature des traitements, de l’accompagnement a changé et on n’en tient peut-être pas suffisament compte. ». Certes, Madame Bourguignon parle d’or ! Mais depuis combien d’années sommes-nous confrontés à ces aberrations que sont les nouvelles augmentations tarifaires chaque année, pour toujours moins de moyens humains en face ?

Il aura fallu attendre le conflit aux Opalines dans le Jura pour que le nouveau gouvernement se penche sur ce problème crucial. Quelle sorte de fin de vie souhaitons-nous pour nos aînés, pour nous-mêmes quand le moment sera venu d’intégrer une maison de retraite ? Serions-nous en train de revenir à l’époque tant décriée des mouroirs et des hospices? Rappelons que pendant la dernière et si longue campagne électorale, les candidats ont plutôt fait l’impasse sur le sort des anciens, (vieux n’étant pas politiquement correct, n’est-ce pas), ces vieux qui ne font pas recette dans ce monde déshumanisé voué au jeunisme et où le seul profit dicte sa loi.

Monique Iborra, députée LRM de Haute-Garonne et rapporteure de la Mission-Flash, rendra donc un rapport courant septembre : croisons les doigts en espérant que cette mission ne soit pas un énième coup d’épée dans l’eau dont nos élus sont coutumiers.

Pour ce faire, vous pouvez témoigner, en adressant courrier postal ou mail à :

monique.iborra@assemblée-nationale.fr

monique.iborra@orange.fr

Par courrier à :

Madame Monique Iborra , Assemblée nationale – Vice-présidente, Commission des affaires sociales

Comme le dit le proverbe à si juste titre, battons le fer quand il est chaud, le Conseil départemental des Vosges vient d’être condamné sur le fond par le Tribunal interrégional de la tarification sanitaire et sociale de Nancy, suite au recours déposé par mes soins en 2015. Il a jugé que c’est à tort, en méconnaissance du Code de la santé, que le département avait fixé le tarif d’hébergement de l’EHPAD de La Bresse en 2015. En conséquence, le tribunal a décidé comme je l’avais demandé, l’annulation de la hausse imposée par le Conseil départemental et le retour à la proposition tarifaire du CCAS de la Bresse.

Alors profitons de cette mission, de la condamnation du Conseil départemental des Vosges pour oser taper du poing sur la table et ensemble, résidents, familles, personnels, directions  unir nos forces afin de nous opposer fermement aux dysfonctionnements générés par des pratiques qui ne peuvent et ne doivent plus avoir cours. Recruter les personnels soignants nécessaires , réhabiliter ou construire de nouveaux établissements pour personnes âgées dépendantes en France ne doit plus rimer avec augmentation de la redevance. Le bien-être et la satisfaction des résidents des EHPAD ne doit plus faire l’objet de chantages inadmissibles, comme ce fut le cas ici dans les Vosges, et comme c’est trop souvent le cas dans d’autres départements.

Pour terminer, je veux redire que notre association bien que petite, a fait condamner un Conseil départemental réputé tout-puissant et qui lui dispose de gros moyens pour se faire entendre, malgré cela la Justice a triomphé. Je souhaite aussi ajouter que personne ne se battra à notre place et je comprends mal pourquoi les citoyens de ce pays ne se battent pas pour défendre les droits de leurs parents dépendants. Si des soignants ont gagné dans le Jura ou dans le Val d’Oise, soutenus par les résidents et leurs familles, ailleurs la victoire est certainement possible, il y faut seulement de la volonté. Etes-vous prêts à vous engager ?

Annie Aucante

Présidente de l’Association de défense des résidents de l’EHPAD de la Bresse et de leurs familles

Membre du conseil de la vie sociale

Ma lettre à la rapporteure de laMission flash

Communiqué de presse de l’association suite à la condamnation du CD 88

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