FIBERS, l’heure des comptes ?

A vendre

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L’information vient de tomber, elle n’a rien d’un scoop, tout le monde savait depuis juin 2015 que cela arriverait. La ligne de fabrication, c’est à dire les machines de l’usine FIBERS de Saulxures sur Moselotte sont mises aux enchères publiques. Cela se passera sur le site de La Médelle à Saulxures le mardi 08 décembre 2015 à 15h00.

La mise à prix est fixée à 300 000€ !!!

 

J’ai volontairement laissé un blanc car je comprends votre étonnement. Mais non, votre mémoire n’est pas défaillante, au moment du lancement en grande pompe de ce projet par la nomenklatura locale, le porteur du projet parle d’un investissement de 13 millions d’euros dont 6 millions d’aides publiques directes et indirectes. Ce qui fait une belle somme !

Bien sûr nous savons que dans le cadre d’une liquidation judiciaire le matériel est bradé, mais là excusez du peu, d’un coté 13 Millions d’euros de l’autre 300 000€.

Alors des questions inévitables se posent. Pour certaines nous les avions déjà posées, nous recommençons maintenant avec plus de force.

Ou sont passés les 13 millions du départ ?

Ou sont passés les 6 millions d’argent public ?

A quoi ont-ils servi ?

Les 7 millions d’argent privé existent-ils vraiment, ou ne seraient-ils qu’un leurre qui aurait permis d’attirer l’argent public ?

Qui est en mesure de répondre à ces questions ? Le promoteur du projet, Bernard Charbonnier, bien sûr, mais aussi ceux qui l’ont aidé à obtenir les 6 millions d’argent public. Nous en connaissons au moins un. Ils s’agit de François Vannson actuel Président du Conseil Départemental et toujours député. N’a t-il pas produit et diffusé une vidéo dans laquelle Bernard et François devisent aimablement s’appelant par leur prénom, l’un prodiguant force remerciement à l’autre qui en rosit de plaisir.

Cette navrante pantomime où François se présente comme le principal soutien de Bernard, se conclut par une non moins navrante conclusion de notre député qui répète doctement les fables que lui a vendues, en début de la vidéo, celui qui mériterait le nom d’industriel de la catastrophe.

Nous attendons, et c’est bien la moindre des choses, que Monsieur Vannsson s’explique sur le destin de ces 6 millions d’argents publics qu’il a contribués à mobiliser ?

Du côté des seconds couteaux, je veux parler des élus de la Communauté de commune de la Haute Moselotte et de son Président actuel Jean-Claude Dousteyssier, on doit bien avoir quelques idées sur la question. On n’achète pas une friche industrielle 900 000€ avec l’argent des contribuables pour la louer (aucun loyer ne sera jamais versé à la communauté de communes) à un porteur de projet sans prendre quelques informations et garanties sur la validité de l’opération?

Un élu de la Com-Com, Monsieur Jérôme Mathieu, à qui je ne demandais d’ailleurs rien du tout car il était à l’époque des faits dans la minorité de la com-com, a tenu promptement à répondre à ce que j’avais écrit dans un article précédent : qu’aucun des élus n’avait posé la moindre question avant de voter l’acquisition de la friche industrielle à 900 000€. Ce qui est par ailleurs vrai et vérifiable aisément. Il a déclaré que je ne connaissais rien au fonctionnement des collectivités, et a laissé entendre qu’évidemment, les élus avaient travaillé d’arrache-pied en commission, sur ce dossier et en maîtrisaient les arcanes! Je ne demande aujourd’hui qu’à vous croire, mais alors dites nous, Monsieur Mathieu, vous qui déclarez connaître ce dossier, où sont passés les 13 millions ?

Nous attendons votre réponse, comme nous attendons toujours sur un autre sujet, votre réponse à un courrier qui vous a été adressé en votre qualité de conseiller départemental, par une cinquantaine de représentants des familles de l’EHPAD de La Bresse le 05 mai 2015 !!

Nous ne poserons pas la question du devenir des 900 000€ des contribuables locaux, ce serait trop cruel et risquerait de mettre encore Monsieur Mathieu en colère. Mais chacun pourra à loisir, à la faveur d’un soir d’été, emmener en voiture sa petite famille, admirer du côté de Saulxures l’aboutissement d’un dossier maîtrisé par ces élus qui ayant dilapidé joyeusement 900 000€ en pure perte, n’en ont toujours pas tiré le début d’une leçon.

J’avais ici même proposé de transformer ce site en musée des « loupés », le succès serait garanti, et moyennant un faible droit d’entrée, il ne serait pas interdit d’espérer un retour rapide sur investissement inutile ! Il semblerait d’ailleurs que la mode des musées connaisse un nouvel engouement dans notre beau territoire, puisque il est question d’héberger un musée des racines (en bois) dans l’autre grande réussite de nos élus, le site de Lansauchanp à Cornimont. Mais nous en reparlerons.

Dans cette lamentable affaire n’oublions pas les salariés et en tout premier lieu celle qui paya de sa vie ce qui semble être une absence de conformité aux normes de sécurité des machines utilisées. La justice devra dire ce qui s’est passé et déterminer quelles sont les responsabilités.

Les autres salariés connaissent aujourd’hui pour la plupart les plans sociaux de reclassement, ou pas, avant sans doute une période à durée indéterminée chez Pôle Emploi. Il est troublant d’apprendre que certains des salariés étaient, précédemment à leur embauche à FIBERS, salariés de Ventron confection, autre société de Monsieur Charbonnier, et qu’ils avaient dû en démissionner !!

Décidément, les services de l’Etat seraient bien inspirés d’enquêter sur ces sociétés et leurs pratiques dans les domaines du droit du travail notamment. Il en va de même pour l’Europe, puisque des subventions européennes ont été versées, un minimum de transparence sur l’utilisation de ces fonds seraient là aussi la moindre des choses.

Maintenir le voile sur cette affaire comme sur beaucoup d’autres contribue chaque jour à alimenter un climat de défiance qui envahit lentement mais sûrement tous les espaces de nos sociétés. Le réveil risque fort d’être brutal, et nous savons aujourd’hui qui en portera la responsabilité.

Le 6 novembre 2015

Gracchus

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